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dont ils faisaient usage dans leurs festins, dans leurs sacrifices, à leurs mariages, à leurs funérailles, enfin à tout ce qui avait parmi eux quelque air de fête et de solennité.

On a bu et chanté le vin pendant bien des siècles, avant de se douter qu’il fût possible d’en extraire la partie spiritueuse qui en fait la force ; mais les Arabes nous ayant appris l’art de la distillation, qu’ils avaient inventée pour extraire le parfum des fleurs, et surtout de la rose tant célébrée dans leurs écrits, on commença à croire qu’il était possible de découvrir dans le vin la cause de l’exaltation de saveur qui donne au goût une excitation si particulière : et, de tâtonnements en tâtonnements, on découvrit l’alcool, l’esprit-de-vin, l’eau-de-vie.

L’alcool est le monarque des liquides et porte au dernier degré l’exaltation palatale : ses diverses préparations ont ouvert de nouvelles sources de jouissances[1] ; il donne à certains médicaments[2] une énergie qu’ils n’auraient pas sans cet intermède ; il est même devenu dans nos mains une arme formidable, car les nations du nouveau monde ont été presque autant domptées et détruites par l’eau-de-vie que par les armes à feu.

La méthode qui nous a fait découvrir l’alcool a conduit encore à d’autres résultats importants ; car, comme elle consiste à séparer et à mettre à nu les parties qui constituent un corps et le distinguent de tous les autres, elle a dû servir de modèle à ceux qui se sont livrés à des recherches analogues, et qui nous ont fait connaître des substances tout à fait nouvelles, telles que la quinine, la morphine, la strychnine et autres semblables, découvertes ou à découvrir.

  1. Les liqueurs de table.
  2. Les élixirs.