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plat de haute saveur, une bourriche devant arriver par le courrier et qui aurait été retardée, soit que le fait fût vrai, soit qu’il ne fût qu’une supposition ; à ces fâcheuses nouvelles, on aurait observé et noté la tristesse graduelle imprimée sur le front des convives, et on aurait pu se procurer ainsi une bonne échelle de sensibilité gastrique.

Mais cette proposition, quoique séduisante au premier coup d’œil, ne résista pas à un examen plus approfondi. Le président observa, et observa avec grande raison, que de pareils événements, qui n’agiraient que superficiellement sur les organes disgraciés des indifférents, pourraient exercer sur les vrais croyants une influence funeste, et peut-être leur occasionner un saisissement mortel. Ainsi, malgré quelque insistance de la part de l’auteur, la proposition fut rejetée à l’unanimité.

Nous allons maintenant donner l’état des mets, que nous avons jugés propres à servir d’éprouvettes ; nous les avons divisés en trois séries d’ascension graduelle, suivant l’ordre et la méthode ci-devant indiqués.


Éprouvettes gastronomiques.
PREMIÈRE SÉRIE
revenu présumé : 5,000 fr. (médiocrité).

Une forte rouelle de veau piquée de gros lard et cuite dans son jus ;

Un dindon de ferme farci de marrons de Lyon ;

Des pigeons de volière gras, hardés et cuits à propos ;

Des œufs à la neige ;