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origine du plaisir de la table.

72. — Les repas, dans le sens que nous donnons à ce mot, ont commencé avec le second âge de l’espèce humaine, c’est-à-dire au moment où elle a cessé de se nourrir de fruits. Les apprêts et la distribution des viandes ont nécessité le rassemblement de la famille, les chefs distribuant à leurs enfants le produit de leur chasse, et les enfants adultes rendant ensuite le même service à leurs parents vieillis.

Ces réunions, bornées d’abord aux relations les plus proches, se sont étendues peu à peu à celles de voisinage et d’amitié.

Plus tard, et quand le genre humain se fut étendu, le voyageur fatigué vint s’asseoir à ces repas primitifs, et raconta ce qui se passait dans les contrées lointaines. Ainsi naquit l’hospitalité, avec ses droits réputés sacrés chez tous les peuples ; car il n’en est aucun si féroce qui ne se fit un devoir de respecter les jours de celui avec qui il avait consenti de partager le pain et le sel.

C’est pendant le repas que durent naître ou se perfectionner les langues, soit parce que c’était une occasion de rassemblements toujours renaissante, soit parce que le loisir qui accompagne et suit le repas dispose naturellement à la confiance et à la loquacité.

différence entre le plaisir de manger et le plaisir de la table.

73. — Tels durent être, par la nature des choses, les éléments du plaisir de la table, qu’il faut bien distinguer du plaisir de manger, qui est son antécédent nécessaire.