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Vicinus, bene erat, non piscibus urbe petitis,
Se pullo atque hædo, tum[1] pensilis uva secundas
Et nux oruabat mensas, cum duplice ficu.

C’est encore ainsi qu’hier ou demain trois paires d’amis se seront régalés du gigot à l’eau et du rognon de Pontoise, arrosés d’orléans et de médoc bien limpides ; et qu’ayant fini la soirée dans une causerie pleine d’abandon et de charmes, ils auront totalement oublié qu’il existe des mets plus fins et des cuisiniers plus savants.

Au contraire, quelque recherchée que soit la bonne chère, quelque somptueux que soient les accessoires, il n’y a pas de plaisir de table si le vin est mauvais, les convives ramassés sans choix, les physionomies tristes et le repas consommé avec précipitation.

esquisse.

Mais, dira peut-être le lecteur impatienté, comment donc doit être fait, en l’an de grâce 1825, un repas pour réunir toutes les conditions qui procurent au suprême degré le plaisir de la table ?

Je vais répondre à cette question. Recueillez-vous, lecteurs, et prêtez attention : c’est Gastérea, c’est la plus jolie des muses qui m’inspire ; je serai plus clair qu’un oracle, et mes préceptes traverseront les siècles.

« Que le nombre des convives n’excède pas douze afin que la conversation puisse être constamment générale ;

« Qu’ils soient tellement choisis, que leurs occupations soient variées, leurs goûts analogues, et avec de

  1. Le dessert se trouve précisément désigné et distingué par l’adverbe tum et par les mots secundas mensas.