Page:Physiologie du gout, ou meditations de gastronomie transcendante; ouvrage théorique, historique, et à l'ordre du jour, dédié aux gastronomes Parisiens (IA b21525699).pdf/194

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tels points de contact qu’on ne soit point obligé d’avoir recours à l’odieuse formalité des présentations ;

« Que la salle à manger soit éclairée avec luxe, le couvert d’une propreté remarquable, et l’atmosphère à la température de treize à seize degrés au thermomètre de Réaumur ;

« Que les hommes soient spirituels sans prétention, et les femmes aimables sans être trop coquettes[1] ;

« Que les mets soient d’un choix exquis, mais en nombre resserré ; et les vins de première qualité chacun dans son degré ;

« Que la progression, pour les premiers, soit des plus substantiels aux plus légers ; et pour les seconds, des plus lampants aux plus parfumés.

« Que le mouvement de consommation soit modéré, le dîner étant la dernière affaire de la journée ; et que les convives se tiennent comme des voyageurs qui doivent arriver ensemble au même but ;

« Que le café soit brûlant, et les liqueurs spécialement de choix de maître ;

« Que le salon qui doit recevoir les convives soit assez spacieux pour organiser une partie de jeu pour ceux qui ne peuvent pas s’en passer, et pour qu’il reste cependant assez d’espace pour les colloques post-méridiens ;

« Que les convives soient retenus par les agréments de la société et ranimés par l’espoir que la soirée ne se passera pas sans quelque jouissance ultérieure ;

« Que le thé ne soit pas trop chargé ; que les rôties soient artistement beurrées, et le punch fait avec soin ;

« Que la retraite ne commence pas avant onze heures, mais qu’à minuit tout le monde soit couché. »

  1. J’écris à Paris, entre le Palais-Royal et la Chaussée-d’Antin.