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Le sommeil, comme la nuit, est précédé et suivi de deux crépuscules, dont le premier conduit à l’inertie absolue, et le second ramène à la vie active.

Tâchons d’examiner ces divers phénomènes.

Au moment où le sommeil commence, les organes des sens tombent peu à peu dans l’inaction : le goût d’abord, la vue et l’odorat ensuite ; l’ouïe veille encore, et le toucher toujours ; car il est là pour nous avertir par la douleur des dangers que le corps peut courir.

Le sommeil est toujours précédé d’une sensation plus ou moins voluptueuse : le corps y tombe avec plaisir par la certitude d’une prompte restauration ; et l’âme s’y abandonne avec confiance, dans l’espoir que ses moyens d’activité y seront retrempés.

C’est faute d’avoir bien apprécié cette sensation, cependant si positive, que des savants de premier ordre ont comparé le sommeil à la mort, à laquelle tous les êtres vivants résistent de toutes leurs forces, et qui est marquée par des symptômes si particuliers et qui font horreur même aux animaux.

Comme tous les plaisirs, le sommeil devient une passion ; car on a vu des personnes dormir les trois quarts de leur vie ; et, comme toutes les passions, il ne produit alors que des effets funestes, savoir : la paresse, l’indolence, l’affaiblissement, la stupidité et la mort.

L’école de Salerne n’accordait que sept heures de sommeil, sans distinction d’âge ou de sexe. Cette doctrine est trop sévère ; il faut accorder quelque chose aux enfants par besoin, et aux femmes par complaisance ; mais on peut regarder comme certain que toutes les fois qu’on passe plus de dix heures au lit, il y a excès.

Dans les premiers moments du sommeil crépuscu-