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Cet état me paraissait délicieux ; et peut-être bien des personnes ont rêvé quelque chose de pareil : mais ce qui devient plus spécial, c’est que je me souviens que je m’expliquais à moi-même très-clairement (ce me semble du moins) les moyens qui m’avaient conduit à ce résultat, et que ces moyens me paraissaient tellement simples que je m’étonnais qu’ils n’eussent pas été trouvés plus tôt.

En m’éveillant, cette partie explicative m’échappa tout à fait, mais la conclusion m’est restée ; et depuis ce temps il m’est impossible de ne pas être persuadé que tôt ou tard un génie plus éclairé fera cette découverte, et à tout hasard je prends date.

deuxième observation.

92. — Il n’y a que peu de mois que j’éprouvai, en dormant, une sensation de plaisir tout à fait extraordinaire. Elle consistait en une espèce de frémissement délicieux de toutes les particules qui composent mon être. C’était une espèce de fourmillement plein de charmes qui, partant de l’épiderme, depuis les pieds jusqu’à la tête, n’agitait jusque dans la moelle des os. Il me semblait voir une flamme violette qui se jouait autour de mon front :

Lambere flamma comas, et circum tempora pasci.

J’estime que cet état, que je sentis bien physiquement, dura au moins trente secondes, et je me réveillai rempli d’un étonnement qui n’était pas sans quelque mélange de frayeur.

De cette sensation, qui est encore très-présente à mon souvenir, et de quelques observations qui ont été faites sur les extatiques et sur les nerveux, j’ai tiré la consé-