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du surcroît de dépenses que leur causait le régime du maigre, que quelques-uns disaient que Dieu ne voulait pas qu’on exposât sa santé, et que les gens de peu de foi ajoutaient qu’on ne prenait pas le paradis par la famine.

Cependant le devoir restait reconnu, et presque toujours on demandait aux pasteurs des permissions qu’ils refusaient rarement, en ajoutant toutefois la condition de faire quelques aumônes pour remplacer l’abstinence.

Enfin la révolution vint, qui, remplissant tous les cœurs de soins, de craintes et d’intérêts d’une autre nature, fit qu’on n’eut ni le temps ni l’occasion de recourir à des prêtres, dont les uns étaient poursuivis comme ennemis de l’État, ce qui ne les empêchait pas de traiter les autres de schismatiques.

À cette cause, qui heureusement ne subsiste plus, il s’en est joint une autre non moins influente. L’heure de nos repas a totalement changé : nous ne mangeons plus ni aussi souvent, ni aux mêmes heures que nos ancêtres, et le jeûne aurait besoin d’une organisation nouvelle.

Cela est si vrai, que, quoique je ne fréquente que des gens réglés, sages, et même assez croyants, je ne crois pas, en vingt-cinq ans, avoir trouvé, hors de chez moi, dix repas maigres et une seule collation.

Bien des gens pourraient se trouver fort embarrassés en pareil cas ; mais je sais que saint Paul l’a prévu, et je reste à l’abri sous sa protection.

Au reste, on se tromperait fort, si ou croyait que l’intempérance a gagné en ce nouvel ordre de choses.

Le nombre des repas a diminué de près de moitié. L’ivrognerie a disparu pour se réfugier, en de certains jours, dans les dernières classes de la société. On ne fait