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MÉDITATION XXVI.

crus, nous n’en avons pas tout à fait perdu l’habitude. Les palais les plus délicats s’arrangent très-bien des saucissons d’Arles, des mortadelles, du bœuf fumé d’Hambourg, des anchois, des harengs pecs, et d’autres pareils, qui n’ont pas passé par le feu, et qui n’en réveillent pas moins l’appétit.

découverte du feu.

125. — Après qu’on se fut régalé assez longtemps à la manière des Croates, on découvrit le feu ; et ce fut encore un hasard ; car le feu n’existe pas spontanément sur la terre ; les habitants des îles Mariannes ne le connaissaient pas.

cuisson.

126. — Le feu une fois connu, l’instinct de perfectionnement fit qu’on en approcha les viandes, d’abord pour les sécher, et ensuite on les mit sur des charbons pour les cuire.

La viande ainsi traitée fut trouvée bien meilleure ; elle prend plus de consistance, se mâche avec beaucoup plus de facilité, et l’osmazôme, en se rissolant, s’aromatise et lui donne un parfum qui n’a pas cessé de nous plaire.

Cependant on vint à s’apercevoir que la viande cuite sur les charbons n’est pas exempte de souillure ; car elle entraîne toujours avec elle quelques parties de cendre ou de charbon dont on la débarrasse difficilement. On remédia à cet inconvénient en la perçant avec des broches qu’on mettait au-dessus des charbons ardents, en les appuyant sur des pierres d’une hauteur convenable.

C’est ainsi qu’on parvint aux grillades, préparation