Page:Physiologie du gout, ou meditations de gastronomie transcendante; ouvrage théorique, historique, et à l'ordre du jour, dédié aux gastronomes Parisiens (IA b21525699).pdf/364

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Le général. — Je voulais donc vous dire, monsieur, que vos drogues…

L’homme noir. — Monsieur, je ne vends point de drogues

Le général. — Que vendez-vous donc, monsieur ?

L’homme noir. — Monsieur, je vends des médicaments.

Là finit la discussion. Le général, honteux d’avoir fait tant de solécismes et d’être si peu avancé dans la connaissance de la langue pharmaceutique, se troubla, oublia ce qu’il avait à dire, et paya tout ce qu’on voulut.

VI
le plat d’anguille.

Il existait à Paris, rue de la Chaussée-d’Antin, un particulier nommé Briguet, qui, ayant d’abord été cocher, puis marchand de chevaux, avait fini par faire une petite fortune.

Il était né à Talissieux ; et, avant résolu de s’y retirer, il épousa une rentière qui avait autrefois été cuisinière chez mademoiselle Thévenin, que tout Paris a connue par son surnom d’As de pique.

L’occasion se présenta d’acquérir un petit domaine dans son village natal ; il en profita, et vint s’y établir avec sa femme vers la fin de 1791.

Dans ces temps-là, les curés de chaque arrondissement archipresbytéral avaient coutume de se réunir une fois par mois chez chacun d’entre eux tour à tour, pour conférer sur les matières ecclésiastiques. On célébrait une grand’messe ; on conférait, ensuite on dînait.

Le tout s’appelait la conférence ; et le curé chez qui elle devait avoir lieu ne manquait pas de se préparer à l’avance pour bien et dignement recevoir ses confrères.