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peu de fermentation, comme l’huile du café, que l’on n’obtient que par la torréfaction.

Ce moment se manifeste aux sens des profanes par une légère odeur et par le changement de couleur du ventre de l’oiseau ; mais les inspirés le devinent par une sorte d’instinct qui agit en plusieurs occasions, et qui fait, par exemple, qu’un rôtisseur habile décide, au premier coup d’œil, qu’il faut tirer une volaille de la broche ou lui laisser faire encore quelques tours.

Quand le faisan est arrivé là, on le plume et non plus tôt, et on le pique avec soin, en choisissant le lard le plus frais et le plus ferme.

Il n’est point indifférent de ne pas plumer le faisan trop tôt ; des expériences très-bien faites ont appris que ceux qui sont conservés dans la plume sont bien plus parfumés que ceux qui sont restés longtemps nus, soit que le contact de l’air neutralise quelques portions de l’arôme, soit qu’une partie du suc destiné à nourrir les plumes soit résorbé et serve à relever la chair.

L’oiseau ainsi préparé, il s’agit de l’étoffer, ce qui se fait de la manière suivante :

Ayez deux bécasses, désossez-les et videz-les de manière à en faire deux lots : le premier de la chair, le second des entrailles et des foies.

Vous prenez la chair et vous en faites une farce en la hachant avec de la moelle de bœuf cuite à la vapeur, un peu de lard râpé, poivre, sel, fines herbes, et la quantité de bonnes truffes suffisante pour remplir la capacité intérieure du faisan.

Vous aurez soin de fixer cette farce de manière qu’elle ne se répande pas en dehors, ce qui est quelquefois assez difficile, quand l’oiseau est un peu avancé. Cependant on y parvient par divers moyens, et entre