de magistrats de la Cour suprême qui savent qu’il faut quelquefois déposer la toge sénatoriale, et à qui j’ai démontré sans peine que la bonne chère est une compensation naturelle des ennuis du cabinet. Après un examen convenable, le doyen articula, d’une voix grave, le mot excellent ! Toutes les têtes se baissèrent en signe d’acquiescement, et l’arrêt passa à l’unanimité.
J’avais observé, pendant la délibération, que les nez de ces vénérables avaient été agités par des mouvements très-prononcés d’olfaction, que leurs fronts augustes étaient épanouis par une sérénité paisible, et que leur bouche véridique avait quelque chose de jubilant qui ressemblait à un demi-sourire.
Au reste, ces effets merveilleux sont dans la nature des choses. Traité d’après la recette précédente, le faisan, déjà distingué par lui-même, est imbibé, à l’extérieur, de la graisse savoureuse du lard qui se carbonise ; il s’imprègne, à l’intérieur, des gaz odorants qui s’échappent de la bécasse et de la truffe. La rôtie, déjà si richement parée, reçoit encore les sucs à triples combinaisons qui découlent de l’oiseau qui rôtit.
Ainsi de toutes les bonnes choses qui se trouvent rassemblées, pas un atome n’échappe à l’appréciation, et attendu l’excellence de ce mets, je le crois digne des tables les plus augustes.