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Pour moi, jusqu’à ce que je meure,
Je veux que le vin blanc demeure
Avec le clairet dans mon corps.
Pourvu que la paix les assemble :
Car je les jetterai dehors,
S’ils ne s’accordent bien ensemble.

La suivante est de Racan, un de nos plus anciens poètes ; elle est pleine de grâce et de philosophie, a servi de modèle à beaucoup d’autres, et paraît plus jeune que son extrait de naissance.

À MAYNARD

Pourquoi se donner tant de peine ?
Buvons plutôt, à perdre haleine.
De ce nectar délicieux,
Qui, pour l’excellence précède
Celui même que Ganymède
Verse dans la coupe des dieux.

C’est lui qui fait que les années
Nous durent moins que les journées ;
C’est lui qui nous fait rajeunir,
Et qui bannit de nos pensées
Le regret des choses passées
Et la crainte de l’avenir :

Buvons, Maynard, à pleine tasse.
L’âge insensiblement se passe,
Et nous mène à nos derniers jours ;
L’on a beau faire des prières,
Les ans, non plus que les rivières,
Jamais ne rebroussent leur cours.

Le printemps, vêtu de verdure,
Chassera bientôt la froidure ;
La mer a son flux et reflux ;
Mais, depuis que notre jeunesse
Quitte la place à la vieillesse,
Le temps ne la ramène plus.

Les lois de la mort sont fatales
Aussi bien aux maisons royales