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DU GOÛT.

saires, sont cependant une distraction agréable, et deviennent l’accompagnement obligé de la confabulation conviviale.

Elle ne s’occupe pas avec moins d’intérêt des boissons qui nous sont destinées, suivant le temps, les lieux et les climats. Elle enseigne à les préparer, à les conserver, et surtout à les présenter dans un ordre tellement calculé que la jouissance qui en résulte aille toujours en augmentant, jusqu’au moment où le plaisir finit et où l’abus commence.

C’est la gastronomie qui inspecte les hommes et les choses, pour transporter d’un pays à l’autre tout ce qui mérite d’être connu, et qui fait qu’un festin savamment ordonné est comme un abrégé du monde, où chaque partie figure par ses représentants.

utilité des connaissances gastronomiques.

20. — Les connaissances gastronomiques sont nécessaires à tous les hommes, puisqu’elles tendent à augmenter la somme du plaisir qui leur est destinée : cette utilité augmente en proportion de ce qu’elle est appliquée à des classes plus aisées de la société ; enfin elles sont indispensables à ceux qui, jouissant d’un grand revenu, reçoivent beaucoup de monde, soit qu’en cela ils fassent acte d’une représentation nécessaire, soit qu’ils suivent leur inclination, soit enfin qu’ils obéissent à la mode.

Ils y trouvent cet avantage spécial, qu’il y a de leur part quelque chose de personnel dans la manière dont leur table est tenue ; qu’ils peuvent surveiller jusqu’à un certain point les dépositaires forcés de leur confiance, et même les diriger en beaucoup d’occasions.

Le prince de Soubise avait un jour l’intention de