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DES ALIMENTS.

J’en marquai mon étonnement au batelier avec lequel je traversai la rivière. « Monsieur, me dit-il, nous ne sommes ici que huit familles, et nous avons cinquante-trois enfants, parmi lesquels il se trouve quarante-neuf filles et seulement quatre garçons, et, de ces quatre garçons, en voilà un qui m’appartient. » En disant ces mots, il se redressait d’un air de triomphe, et me montrait un petit marmot de cinq à six ans, couché sur le devant du bateau, où il s’amusait à gruger des écrevisses crues. Ce petit hameau s’appelle…

De cette observation, qui remonte à plus de dix ans, et de quelques autres que je ne puis pas aussi facilement indiquer, j’ai été amené à penser que le mouvement génésique causé par la diète ichthyaque pourrait bien être plus irritant que pléthorique et substantiel ; et j’y persiste d’autant plus volontiers que, tout récemment, le docteur Bailly a prouvé, par une suite de faits observés pendant près d’un siècle, que toutes les fois que, dans les naissances annuelles, le nombre des filles est notablement plus grand que celui des garçons, la surabondance des femelles est toujours due à des circonstances débilitantes ; ce qui pourrait bien nous indiquer aussi l’origine des plaisanteries qu’on a faites de tout temps au mari dont la femme accouche d’une fille.

Il y aurait encore beaucoup de choses à dire sur les aliments considérés dans leur ensemble, et sur les diverses modifications qu’ils peuvent subir par le mélange qu’on peut en faire ; mais j’espère que ce qui précède suffira, et au delà, pour le plus grand nombre de mes lecteurs. Je renvoie les autres au traité ex profeso, et je finis par deux considérations qui ne sont pas sans quelque intérêt.

La première est que l’animalisation se fait à peu près de la même manière que la végétation, c’est-à-dire que