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de toutes les affaires. Retiré dans sa petite hutte, bâtie de feuilles et de branchages, il médite sur le Cantique des Cantiques dans les saintes extases de la prière et compose ces admirables sermons que Bossuet croyait sortis de la plume d’un ange terrestre. Attirée par l’amour de son Dieu, sa belle âme quitte le saint temple de son corps le 20e jour du mois d’août de l’année 1153. Clairvaux comptait ce jour-là plus de 700 religieux dans son enceinte, et plus de 150 monastères fondés par les disciples de son abbé.

Longtemps célèbre par le tombeau de saint Bernard, l’abbaye de Clairvaux, qui avait vu grandir dans ses cellules un pape, quinze cardinaux et beaucoup d’évêques, ne comptait plus en 1789 que quarante religieux de chœur et vingt frères convers. Puissamment riche, elle vit s’introduire de bonne heure l’abus et la décadence et ne rendit pas au catholicisme, aux lettres et aux sciences, les services qui signalèrent tant d’abbayes, avant cette époque funeste où toutes les splendeurs des siècles passés s’évanouirent. La Claire-Vallée n’est plus aujourd’hui que le lieu d’expiation des condamnés de douze départements ; son trésor, sa magnifique église du xiie siècle, ses pierres tombales, tout a disparu, jusqu’au corps vénéré de son angélique fondateur.

L’histoire de l’abbaye de Clairvaux pourrait jeter un jour nouveau sur l’organisation des monastères au moyen—âge et surtout dans les temps modernes. Deux hommes ont entrepris la publication de son cartu-