Page:Pichot - Monsieur de l'Etincelle, ou Arles et Paris, t. II, Gosselin, 1837.djvu/281

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voyant l’effet qu’avait produit sur don Antonio la lettre dictée par sa tante, et tourmenté d’une anxiété singulière en écoutant un si étrange commentaire sur l’événement surnaturel qu’il se permettait tout à l’heure de tourner en plaisanterie.

— Qui je suis ? reprit don Antonio de Scintilla avec l’exaltation d’un homme vivement ému ; qui je suis ? Hélas ! le jouet de la plus bizarre fortune ; un homme qui ne sait quel titre et quel nom se donner dans cette France qui fut autrefois sa patrie et qui l’est encore, mais qu’il doit quitter le plus tôt possible pour toujours, quelques liens qui l’y rattachent aujourd’hui, parce qu’il en a une seconde depuis dix ans, et que cette seconde patrie lui offre seule désormais des dieux domestiques, une femme qui n’a point à redouter son retour, des enfants qui n’ont point à rougir de leur mère calomniée, et des neveux qui ne sont pas réduits à se battre en duel pour faire taire la médisance sur leur tante. Vous devez percer enfin, Paul, le mystère dont je m’entoure depuis que vous me connaissez en me croyant un colon espagnol. Je dois