Page:Pichot - Monsieur de l'Etincelle, ou Arles et Paris, t. II, Gosselin, 1837.djvu/89

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lui-même lavées dans l’eau du baptême, et en somme il me réconcilia peu à peu à l’idée de servir de mon épée cette Sémiramis de l’Inde.

L’abbé me présenta le lendemain de mon arrivée. À la porte du palais, je fus déjà reçu comme un grand personnage : les gardes me présentèrent les armes ; la reine m’attendait dans la salle du trône, où elle vint à moi avec une affabilité toute royale. L’abbé Jouve m’avait prévenu qu’elle était très bien conservée malgré son âge de soixante et dix ans ; mais je fus étonné de la trouver presque belle. Son embonpoint ne souffrait aucune ride sur son visage ; son teint, d’une rare blancheur, attestait son origine géorgienne. Napoléon, qui était si fier de ses mains, aurait admiré les siennes, et elle laissait voir avec une évidente coquetterie ses bras nus jusqu’au-dessus des coudes. Sous son jupon très court elle portait un pantalon en mousseline brodée, noué au-dessus de la cheville, de manière à faire paraître avec avantage les plus jolis pieds du monde chaussés de pantoufles brodées. Un magnifique châle enveloppait sa tête et venait se croiser sur son