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la chronique

Les Oberlé.

Le grand succès de l’année — en tant que roman — a été pour le livre de René Bazin, Les Oberlé[1]. L’auteur a abordé courageusement la question d’Alsace et l’a traitée de main de maître. Mais y eût-il dépensé moins de talent, que le succès, croyons-nous, fût venu quand même récompenser le choix d’un pareil sujet. Peu auparavant, Paul Bourget publiait le Fantôme, dont les lecteurs de la Revue des Deux-Mondes avaient eu la primeur. Le Fantôme a médiocrement réussi. Pourquoi ? Jamais, peut-être, Bourget n’a dépensé plus de talent, n’a fait preuve d’une virtuosité plus parfaite ; jamais, non plus, il n’a tant pris de peine pour châtier son style, affiner sa pensée, creuser ses personnages. Mais le sujet, voilà la grande, la capitale erreur ! Elle a beau être aussi dramatique qu’a pu la créer l’imagination de l’auteur, l’intrigue du « Fantôme » n’en a pas moins pour théâtre le cœur d’un petit

  1. Les Oberlé, par René Bazin. 1 vol. in-18, Calmann-Lévy.