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rendre plus stable l’équilibre sur lequel allait reposer désormais le pouvoir chérifien. Car on pense bien que les Cheraga et les Oudaïa surtout n’avaient pas été sans abuser largement de leur situation et sans menacer à plusieurs reprises l’autorité du sultan. Désormais toute la politique de celui-ci consista à s’appuyer sur les tribus makhzen mais en les opposant les unes aux autres, en les contenant les unes par les autres, en travaillant, en un mot, à les domestiquer. Par la suite, cinq autres tribus reçurent des privilèges partiels qui les font considérer comme étant à demi makhzen. Ces cinq tribus, les Rahamma, les Ahmar, les Abda, les Menahba et les Harbil protègent Marrakech avec une fraction des Oudaïa ; le reste des Oudaïa couvre Rabat ; les Cheraga, les Cherarda et les Oudaïa sont groupés autour de Fez.

De là sort ce personnel makhzenien qui, jusqu’ici et à très peu d’exceptions près, a détenu le monopole de l’administration et du gouvernement ; personnel de déracinés qui se sont entraînés à l’isolement, en vivant matériellement et intellectuellement à part du commun. « Il en est résulté, dit M. Eugène Aubin, que la classe privi-