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la chronique

légiée est la seule disciplinée au milieu de l’anarchie marocaine ; elle acquiert de ce chef une cohésion qui assure son autorité ». Mais il en est résulté aussi que si les tribus siba venaient jamais à s’entendre entre elle, ne fut-ce qu’un moment, « le Makhzen cesserait d’exister par le fait même » car il n’a avec elles aucun lieu véritablement national. Aussi ses procédés sont-ils plus diplomatiques qu’administratifs ; ils consistent à entretenir partout la division et le minimum d’anarchie nécessaire à assurer le maintien de cet étrange gouvernement. Le Makhzen possède l’art de graduer ses prétentions selon les circonstances. Il pressure les faibles, témoigne des égards aux forts et « oublie » prudemment les mécontents. Il laisse dormir les vieilles querelles pour les rallumer à propos. Il se contente de peu ici et exige beaucoup là.

La grande affaire c’est d’obtenir de l’argent pour soi et d’en laisser le moins possible aux tribus, de peur qu’elles ne l’emploient à l’achat de chevaux et d’armes ; « car il est de règle au Maroc, que la révolte soit la conséquence de la prospérité ». Jusqu’en 1901, les impôts perçus étaient l’Achour et la Zekkat, prescrits par le Coran et censément