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de france

s’élevait entre les deux maisons souveraines et subsidiairement entre les deux nations. Ni la reine Victoria ni son peuple ne pardonnaient à l’Allemagne l’isolement haineux au milieu duquel Bismarck avait réussi à maintenir son ennemie devenue sa victime, la noble impératrice Frédéric. Celle qu’il avait osé appeler « l’anglaise », du même ton méprisant dont on se servait jadis en France pour désigner sous le sobriquet d’autrichienne l’infortunée Marie-Antoinette, n’avait jamais obtenu de sa nouvelle patrie les égards dus à son caractère autant qu’à sa nationalité et Guillaume ii dont l’attitude au chevet de l’empereur Frédéric avait été si étrange n’avait point su, plus tard, défendre sa mère contre les méfiances de la foule et lui faire rendre justice. Aucun Anglais n’avait oublié cela. Mais la politique a d’autres raisons que le cœur et, en ce temps-là surtout, l’Angleterre et l’Allemagne avaient encore plus d’intérêts communs dans le monde que d’intérêts adverses. Cette situation exploitée avec habileté permit à Guillaume ii d’amorcer le rapprochement qu’il désirait ; on le crut réalisé lors du séjour officiel que l’empereur fit en Angleterre en 1891. Après son entrée fastueuse à Londres, le bruit circula