Page:Pierre de Coubertin - Chronique de France, 1905.djvu/72

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
60
la chronique

formel à la France, démenti non justifié mais surtout conçu en des termes qui n’étaient point en usage jusqu’ici dans les chancelleries des pays civilisés. En même temps M. de Bulow usait d’un autre mauvais procédé à l’occasion d’un incident singulier. On avait accusé M. Saint-René Taillandier de s’être targué auprès du Sultan d’un mandat général lui permettant de parler « au nom de l’Europe ». M. Saint-René Taillandier déclarait péremptoirement ce fait inexact dans une dépêche du 9 avril datée de Fez, ce qui n’allait pas empêcher la chancellerie impériale de persister dans sa plainte, indiquant par là qu’elle attribuait plus de valeur à un propos quelconque du gouvernement chérifien qu’à la parole formelle du représentant de la France à Fez : là encore il y avait un procédé peu conforme aux usages établis.

Mais tout cela demeurait ignoré du public ; le langage agressif et outrancier des journaux allemands parvenait seul à sa connaissance. Il n’en fallut pas plus pour troubler l’esprit des pacifistes et leur faire perdre, à l’idée d’une guerre possible, tout sang-froid et toute finesse de raisonnement. M. Jaurès qui fut le mauvais génie de cette