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le roman d’un rallié

de feutre noir sans ornement lui vont à ravir. Un bouton de rose tremble à son corsage et la pomme d’or de sa cravache brille entre ses doigts. Deux minutes plus tard, ils chevauchent côte à côte vers Georgetown et le Potomac. Elle monte une jument bai très fine ; lui, un cheval noir aux allures énergiques qu’il retient par prudence tant qu’on est dans le faubourg, au milieu des voitures de commerçants et des enfants qui jouent. Ils traversent ensuite le fleuve sur un grand pont de bois d’aspect rudimentaire et provisoire, et se mettent à gravir par une route en lacets la colline d’Arlington.

De grands arbres aux troncs noueux jettent leur ombre sur la route ; les herbes hautes, dorées et desséchées par le soleil de l’été, s’inclinent sous la brise légère qui vient de l’océan et tout le panorama de Washington se construit peu à peu sous leurs yeux. Tous deux éprouvent la même émotion : ils savent que l’heure est venue d’une conversation décisive qu’ils désirent et redoutent à la fois. Mary, toujours résolue, prend l’initiative et, le regardant avec un sourire un peu