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le roman d’un rallié

souvenir ; et pourtant, on dit qu’elles ont grand peine à s’acclimater !… En tous cas, elles sont comme assouplies d’avance par leurs tendances Européennes : moi je ne suis pas ainsi ; il me faut la grande indépendance et la grande franchise de ce pays-ci… »

« Nous y vivrons, dit Étienne avec résolution nous y vivrons, je vous le promets et moi, je ne regretterai rien. » — Mary le remercie d’un regard ému : « Je ne puis accepter, » dit-elle. Le jeune homme s’affole, sentant combien son parti est pris, combien elle a dû réfléchir et s’interroger elle-même. Alors il devient injuste. « Vous n’avez pas de pitié ! Vous raisonnez avec une froideur qui est presque de l’ironie… Qu’est-ce que cela vous fait que je meure de chagrin ? » Elle le calme en lui donnant ses doigts gantés qu’il porte à ses lèvres et qu’il retient quelque temps prisonniers. Ils ont atteint le sommet ; des bois s’étendent devant eux, solitaires ; on peut trotter maintenant. Mary rend la main à sa jument qui s’impatiente. Bientôt les bois deviennent plus denses autour d’eux, ils se grisent de