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le roman d’un rallié

avec de vieux Bretons qui se trouvaient là et soulevaient d’un air content leurs larges chapeaux ronds. Il remit au charretier, qui conduisait le char à bancs, son bulletin de bagages, prit avec lui sa valise et saisit les rênes des mains de Jean-Marie.

Jean-Marie était son frère de lait et vivait auprès de lui sur un pied de respectueuse camaraderie. C’était un joli garçon, très blond avec des yeux bleus étonnés et un rire enfantin et sonore. Il avait reçu, par les soins de la marquise, une instruction assez complète et selon l’expression d’Étienne, « devinait le monde bien au-delà de ce qu’il en comprenait ». Aussi les deux jeunes gens causaient-ils ensemble sur toutes espèces de sujets. Très avisé, Jean-Marie vît tout de suite qu’Étienne était heureux de revenir et laissa éclater sa joie ; il avait eu peur et le disait naïvement : « Voyez-vous, monsieur Étienne, vous étiez agité avant de partir et j’étais inquiet qu’on ne vous change en route et que vous ne vous trouviez bien de vous transplanter comme ça. » — « À quoi penses-tu ? répondit le marquis en riant ;