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le roman d’un rallié

commencé d’opérer en elle et rendit définitifs les ravages dont sa nature physique comme sa nature morale allaient désormais porter les traces. En deux mois, elle avait vieilli de dix ans et quelques cheveux gris frisaient déjà sur ses tempes. Une expression de résignation farouche se fixa sur ses traits et, surtout, sa conception de la vie fut totalement renversée. Il n’y eût plus, autour d’elle, que l’océan démonté sur lequel l’âpre notion du devoir sauve seule du naufrage. Elle crut à la solidarité de la faute, au châtiment collectif pour le crime d’un seul. Elle retourna vers son enfance, assombrie par la religion austère et craintive de sa mère. Seulement sa vigueur physique et son intelligence ouverte la préservèrent des mesquineries et des indolences qu’engendre trop souvent une religion ainsi comprise.

Elle prit le gouvernail d’une main ferme, se mit au courant de la fortune de son fils et de la sienne et les administra comme un intendant fidèle. La lecture occupa une part considérable de son temps ; elle lut tout ce qui pouvait l’éclairer sur sa tâche d’éducatrice, mais ses idées sur