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le roman d’un rallié

ménagère. Sur des bancs, disposés autour de la table, tout le monde s’asseyait tenant son verre en main. Dans la grande cheminée très haute, où tout un tronc d’arbre se fut consumé à l’aise, la « plaque aux crêpes », large surface métallique, ronde, portée par trois pieds, était placée au-dessus de la braise. Dans une marmite, suspendue à une crémaillère, au coin de la cheminée, Anne-Louise plongeait sa louche immense et la retirait pleine d’une bouillie jaunâtre, qu’elle versait aussitôt sur la plaque. C’était là le geste important, car, au contact du métal surchauffé, la crêpe se prenait instantanément ; à peine le temps de l’asperger d’une bonne cuillerée de crême.

À voir Anne-Louise répandre la bouillie, on comprenait tout de suite qu’elle avait le « coup de main » et que sa réputation n’était point imméritée. Elle n’en ratait pas une. Chaque crêpe présentait au centre un très léger renflement qui la maintenait un peu molle tandis qu’elle devenait craquante sur les bords. Avec une fourchette, on la faisait glisser prestement sur un plat rond que la fille cadette de Perros présentait tour à tour à