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le roman d’un rallié

gauche dans un vallon latéral très sauvage : un sentier solitaire et pierreux y serpentait, montant vers la forêt en évitant le village de Kerarvro. Étienne abandonna les rênes sur le cou de l’animal et se prit à examiner la situation avec le plus de sang-froid possible. Trois points furent acquis tout de suite : on désirait le marier avec Mademoiselle d’Anxtot — celle-ci était prévenue ou bien avait deviné ; en tous les cas elle approuvait le projet — enfin ils allaient se trouver dans un tête à tête perpétuel qui serait gênant et pouvait devenir intolérable. Que faire ? La pensée de la fuite le hanta quelques instants ; il trouverait un prétexte pour se rendre à Paris… Mais cela n’allait pas sans difficultés : le prétexte d’abord qu’il fallait vraisemblable et puis on attendrait son retour, une semaine, quinze jours même, et alors comment s’en tirer. D’ailleurs ayant « consulté » Mary, comme il le faisait inconsciemment en toute circonstance, il découvrit que ce moyen lui déplaisait. Fuir ! Quelle lâcheté ! C’était presque un aveu d’impuissance !

Non, il ne fuirait pas ; il resterait. Il serra les