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le roman d’un rallié

Le Menhir était noir aussi et lisse et se terminait par la même échancrure, et là bas il entrevoyait, glacé d’effroi, le sentier à travers lequel, il y a dix minutes, l’abbé guidait ses pas. Il s’assit : la sueur perlait à ses tempes. Il avait la certitude absolue, non seulement de n’être jamais venu là, mais de n’avoir jamais su qu’un pareil lieu existât. Le nom même de Menhir-Noir n’évoquait jusqu’ici dans son imagination aucune idée précise. La Bretagne est parsemée de ces restes druidiques… Et puis, en admettant qu’une gravure, un dessin aperçus dans son enfance et oubliés depuis, eussent imprimé dans son cerveau les lignes de ce paysage, il n’aurait pu avoir connaissance du sentier qu’il apercevait à dix pas de lui, parmi les broussailles. Il s’attendait à tout moment à voir son grand-oncle venir par là ; et vraiment cette apparition lui eût été un soulagement, tant la solitude lui pesait.

Enfin, rassemblant son courage, il se leva et se dirigea résolument vers le sentier. D’abord il ne se reconnut pas ; les buissons étaient hauts ;