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le roman d’un rallié

les digues et s’emparait de tout son être. Il avait senti cela déjà le jour de l’arrivée de ses cousins, lorsque la tentation de la fuite s’était présentée à son esprit et qu’il l’avait repoussée, mais combien cette fois la sensation était plus forte et plus complète. De l’endroit où il se trouvait, nul horizon matériel n’était visible, mais les regards de l’âme s’étendaient très loin. Ce tombeau était, après tout, celui d’un lutteur, d’un homme sincère et droit, orgueilleux sans doute, mal inspiré peut-être, mais noble dans la bataille et dans le trépas. Il savait que Mary penserait comme lui. « Je reviendrai ici avec elle, se dit-il. C’est elle qui m’a dit que la vie était simple. Elle a raison. La vie est très simple en effet ; elle consiste à se battre. »

On avait enfin trouvé le vieux Simon ; il arrivait, clopin clopant, rabougri et contourné comme les chênes entre lesquels Étienne, qui sortait de l’enclos, le voyait s’avancer. Son œil atone annonçait un ivrogne de profession, mais la perspective d’un bon pourboire lui déliait la langue. « Pour sûr, Monsieur, pour sûr, que j’ai