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le roman d’un rallié

neurs, artistes, lettrés, hommes de Club et de causerie dont les gens de New-York, disaient à Bourget, non sans un peu de dédain « They have plenty of time for afternoon teas »[1]. Aucun d’eux est né là, par la raison qu’il y a seulement quarante ans, l’endroit devait être un cloaque où les petits nègres prenaient leurs ébats librement. Washington ressembla longtemps à une ville de l’ouest dont le boom[2] aurait avorté. Les avenues dessinaient un plan gigantesque, quelques poteaux pourris marquaient des carrefours grandioses, mais le Capitole restait isolé sur sa colline, avec des masures à ses pieds, comme si la masse de l’immense édifice eût effrayé les particuliers et les eût retenus de se construire en ce lieu des demeures définitives. L’envie au reste n’en venait à personne. Les rives du Potomac constituaient un fâcheux exil non seulement pour le personnel

  1. Ils ont tout plein de temps pour prendre du thé dans l’après-midi.
  2. Expression américaine intraduisible indiquant un accroissement soudain de richesse et de prospérité.