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le roman d’un rallié

moins maussade qu’elle ne s’y attendait. Elle avait constaté, d’ailleurs, qu’Yves professait une très haute estime pour le caractère chevaleresque du marquis et elle sentait ses craintes s’évanouir et sa sécurité s’accroître.

Étienne en toute autre circonstance et malgré ses efforts, eût peut-être éprouvé quelque peine à demeurer lui-même en face d’une jeune fille dont la seule présence lui semblait déjà un défi jeté à celle qu’il aimait et dont le caractère lui apparaissait, maintenant, sous un jour odieux. Mais il rentrait de sa brève expédition, si ému, si résolu, ayant reçu au tombeau de son grand-oncle une telle secousse morale qu’il domina plus facilement cette impression. Il lui semblait que des semaines et non des heures s’étaient écoulées depuis qu’il avait quitté Kerarvro. Ses manières vis-à-vis d’Éliane restèrent donc ce qu’elles avaient été jusque-là avec, en plus, une imperceptible nuance de mépris dont celle-ci fut seule à s’apercevoir.

Le lendemain du retour d’Étienne, Éliane très rassérénée et ayant recouvré tout son aplomb,