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le roman d’un rallié

et tous les chagrins de ce monde et qui, désenchanté, désabusé, rejetant les insignes de son rang, refusant les hommages menteurs de ses courtisans, était descendu sur la route pour aller, pauvre volontaire, prêcher par son royaume la parole de Dieu et les promesses éternelles : on le retrouvait plus tard, au pied du cèdre sacré, enseignant ses disciples, puis priant sur leur sommeil, tandis que le soleil levant dorait les cimes des vallées hindoues et les clochers blancs des monastères enfouis dans les forêts sombres. Puis il apparaissait à la fin, proclamant auprès d’Izeyl mourante, les infinies grandeurs du repentir et de la souffrance… et c’était, sous le voile symbolique d’une tragédie boudhiste, la grande révolution chrétienne qui venait d’être résumée devant le public fin de siècle d’un théâtre parisien. C’était le souffle rénovateur de Jésus qui avait passé sur ces élégantes et sur ces blasés, c’était l’Évangile, indéfiniment jeune, que des acteurs venaient de prêcher… Quelques fragments du dialogue s’étaient accrochés dans la mémoire d’Étienne qui se les répétait incons-