Page:Pierre de Coubertin - Hohrod - Roman d'un Rallié, 1902.djvu/323

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
316
le roman d’un rallié

rien d’applicable à son cas particulier, aucune formule d’existence qui puisse convenir à un gentilhomme du vieux monde, enfermé dès sa naissance dans les ruines du passé mort.

Et soudain, voilà que tout s’éclaire. Cette chose qui est la même sur tous les continents, la même peut-être sur toutes les planètes et qui se prolonge sans doute à travers les éternels au-delà, cette chose imprévue et délicieuse est entrée en lui, l’âme de la femme aimée, le feu de l’amour vrai et pur.… Tout de suite, une interrogation se pose, brûlante, énervante. Comment a-t-il pu s’en aller ? Comment a-t-il pu quitter Mary ? Il ne sait pas en vérité : à lui seul, il n’en eut pas eu le courage. Il a agi sous l’empire d’une pensée non définie, non explicable.… Mais, c’est que, précisément, il ne l’a pas quittée. Il ne s’est éloigné d’elle que pour la conquérir. En effet, de ce jour là, sa vie a eu un but, sa vie a été renouvelée. Des doutes, des défaillances, des désespérances pénibles l’ont traversée ; mais la lutte n’a plus cessé. Sa souffrance a pris ce caractère mâle qu’elle revêt chez l’homme qui sait pourquoi il