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le roman d’un rallié

jeune soldat le sens de sa mission. Mais le jour où, devant le drapeau qui flamboie, il défile sabre au clair, il voit la France et se donne à elle !.… aujourd’hui, pourtant, Étienne sait qu’on peut se donner d’une autre manière plus difficile et plus méritoire… Par dessus le souvenir des émotions récentes qu’il a vécues, de sa visite au Menhir-Noir ou de cette représentation d’Izeyl qui l’a si fort remué, s’en dresse un autre plus récent encore et plus tragique, celui de sa visite à l’Élysée. Il aperçoit le président Carnot debout au seuil de son cabinet, il sent la pression de ses doigts et entend sa voix : « Je sais que vous aimez beaucoup la France. C’est un amour qui ne trompe pas ». Comment ces paroles s’échapperaient-elles jamais de sa mémoire ? Il n’y a pas six semaines qu’elles furent prononcées et l’homme qui les a dites n’est plus. Il est tombé un soir, dans le décor illuminé d’une ville en fête, sous le couteau d’un misérable qui voulait faire une victime et qui a fait un martyr, qui voulait terrifier et qui a exalté.

Les pensées du jeune homme maintenant se