Page:Pierre de Coubertin - Hohrod - Roman d'un Rallié, 1902.djvu/54

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
47
le roman d’un rallié

s’était jamais avisée à quels jeux compliqués et cérébraux Étienne se livrait dans son enfance, même à la campagne ; elle ne s’avisa pas davantage combien la lecture et la réflexion tenaient de place dans sa vie d’adolescent. Elle regarda venir, sans trop d’inquiétude, cet âge critique pour lequel elle croyait que la religion, une honnêteté naturelle et les bons exemples dont elle l’avait entouré, l’armaient suffisamment. Lorsque le jeune bachelier, ayant pris la veille à la Faculté de droit sa première inscription, se sentit émancipé de la tutelle de son précepteur et libre de régler lui-même l’emploi de ses journées parisiennes, toutes les ardeurs qui sommeillaient au fond de son être s’éveillèrent à la fois et leur réveil simultané le préserva du péril. Il avait dix-sept ans : tout lui paraissait nouveau et le charmait. À cet âge, les sens parlent d’autant plus fort, que l’esprit et les muscles sont plus endormis. Tel n’était pas son cas. Ses lectures, ses songeries avaient aiguisé et affiné en lui le mécanisme de la pensée ; en fait de sport, on ne lui avait enseigné que l’équitation, complément