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le roman d’un rallié

fin. Au premier étage, les plafonds sont bas, les fenêtres étroites, le vieil escalier de bois crie sous les pas des visiteurs ; des gardes vigilants les suivent, attentifs au moindre mouvement, moins par crainte des voleurs vulgaires que des collectionneurs indélicats… Les pièces les plus petites, qu’on peut, du seuil, embrasser d’un seul coup d’œil, sont fermées par des câbles de velours tendus en travers de la porte ouverte ; dans les autres, on va et vient librement.

Étienne, après avoir longuement parcouru la maison, s’arrête un instant sous la haute vérandah de bois, à contempler le paysage large et tranquille qui s’étend au-delà des pelouses ; il songe combien ce paysage, sur lequel tant de fois se sont reposés les regards de George Washington, est semblable à l’âme du héros. Le grand fleuve qui en occupe le centre coule, immuable, comme la destinée et, de chaque côté, les collines, les prés, la forêt se sont rangés de bonne grâce, sans symétrie voulue, dans une aimable confusion. Ainsi Washington sut composer sa vie de façon à l’harmoniser avec le glorieux destin qui, si inopi-