Page:Pierre de Coubertin - Hohrod - Roman d'un Rallié, 1902.djvu/92

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
85
le roman d’un rallié

bases de vie morale mieux établies, moins chancelantes. La grandeur immédiate de la France les intéresse : le succès de sa grandeur future, le désir de se rattacher à la fois au passé et à l’avenir, en un mot la notion de l’incessante et perpétuelle évolution leur manquent totalement.

Que ferait Washington, s’il était Français ?… Et cette subite interrogation, en traversant l’esprit d’Étienne, y fait soudain une telle clarté qu’il en demeure ébloui. Pendant un moment, il a la perception très nette de ce que serait l’admirable testament politique du grand citoyen si, traitant des affaires de la France contemporaine au lieu de traiter de celles des États-Unis de 1810, il indiquait aux Français leur devoir présent. Il l’entend condamner, par quelques mots nobles et fermes, les entreprises injustifiées qui tendent à ramener le passé ou à précipiter l’avenir et indiquer, avec une lumineuse simplicité, où réside le progrès véritable : dans le labeur modeste, dans l’effort quotidien, identique, incessamment renouvelé, sans découragement et sans hâte. Il l’entend rappeler la loi fon-