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le roman d’un rallié

superbes ? L’effet en est irrésistible. Ce qui, plus que tout le reste, saisit Étienne, c’est la présence, sous le roc intact, de ces deux tombes pareilles, toutes proches, comme si les doux colloques habituels devaient se continuer dans l’au-delà ; son nom, à lui, est seul sur les deux tombes, indiquant la fusion parfaite, l’entente introublée ; le couple, uni d’amour par delà le trépas, semble ne vouloir d’autre titre à la sympathie des vivants que la fidélité éternelle qu’il se garde à lui-même. N’est-ce pas là ce qui a doublé la puissance de l’homme public, cette droiture, cette pureté, cette noblesse d’âme de l’homme privé ? Qui donc a dit — et non sans raison peut-être — que les grands hommes sont des déformés et que le génie participe de la folie ? Ici pourtant l’humanité triomphe dans la plénitude de ses facultés et, avec elle, le christianisme dans la perfection de son institution fondamentale, le mariage chrétien.

Étienne continue sa route à travers le parc désert. Les feuillages, richement teintés de rouge et de jaune et baignés de soleil, ressemblent à des