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le roman d’un rallié

buissons ardents. De joyeux chants d’oiseaux s’en échappent. Les allées serpentent sous le couvert, bien entretenues, mais sans les raffinements mièvres des jardins artificiels. Il descend jusqu’au fond du petit vallon et gagne le bord de l’eau. Il y a là une véritable plage en miniature, faite d’un sable fin sur lequel il s’allonge. Les flots du Potomac viennent mourir à ses pieds : nulle trace d’habitations n’apparaît en ce lieu. À gauche et à droite, la vue est fermée par des promontoires de rochers que couronne une épaisse végétation ; le vaste tournant du fleuve s’encadre magnifiquement entre le premier plan sauvage et la ligne verte de la rive opposée qui découpe sur le ciel la silhouette de ses feuillages. Étienne éprouve un parfait bien-être. La petite anse où il se trouve, n’est-ce pas le port enchanté dans lequel sa barque vient d’aborder, ce port tant désiré, à l’existence duquel il ne croyait plus, voici trois jours ? Tout lui est venu à la fois, le bonheur intime qu’il n’avait pas cherché et cette certitude morale tant poursuivie et qui, si longtemps, s’était dérobée ! Rien ne lui semblera désormais