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pédagogie sportive

momentanées résultant du « hors-jeu ». Ceux qui ne connaissent le foot-ball qu’en qualité de spectateurs se rendent difficilement compte de l’effort intellectuel au prix duquel son plus haut degré de perfection peut être atteint. Non seulement il n’est pas inutile mais il est nécessaire pour le capitaine d’une équipe aspirant aux honneurs du championnat de travailler sa partie d’avance sur le tableau noir tout comme des officiers s’exercent au Kriegspiel. Un incident instructif de l’histoire du foot-ball montre qu’il n’y a rien d’exagéré dans cette assertion. Un avocat de Boston s’étant jadis épris de ce jeu dès le premier match auquel il assistait, se mit à en étudier les possibilités tactiques, et ayant relevé dans l’Histoire du Consulat et de l’Empire, de Thiers, que Napoléon avait coutume de jeter à l’improviste des masses d’hommes rapidement formées sur les points faibles de l’adversaire, il proposa l’application de ce principe au foot-ball ; ce qui eut lieu en effet. Pour communiquer des ordres à ses hommes, le capitaine employa dès lors un langage chiffré convenu entre eux et, à son appel, on vit des flying wings (ailes volantes) se former brusquement et exécuter d’ingénieuses et décisives manœuvres. Cela n’atténua pas d’ailleurs le caractère déjà très dur du Rugby américain ; bien au contraire[1].

    Rugby issu de l’école de ce nom se trouvaient les diverses sortes d’Associations dont Eton avait été quelque peu le berceau. Cette année-là, on commença de s’entendre pour établir des règles fixes.

  1. Il n’y a pas lieu de discuter si le Rugby l’emporte sur l’Association ou réciproquement. On connaît mes préférences que j’ai maintes fois exposées mais les deux jeux qui se complètent admirablement doivent coexister et pro-