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pédagogie sportive

les pays anglo-saxons, envisage encore la question sportive sous le premier angle qui est erroné et ne peut s’accoutumer au second qui est le bon. Donc c’est le programme de l’adulte — celui que nous avons esquissé dans les pages précédentes — qui doit servir de base à l’éducation sportive de l’enfant et de l’adolescent.

Pour l’enfant en dehors de ses jeux qui ne doivent pas être savants et qu’il faut lui laisser conduire à son idée, il convient de grandement se méfier de toute initiation sportive prématurée[1]. Le saturer de plein air et veiller à ce que son corps soit mécaniquement en ordre, voilà le but à atteindre ; beaucoup de liberté tempérée par une gymnastique modérée, mais très fréquente, où les mouvements d’ensemble, la discipline, le rythme dominent ; un seul sport la natation. Vient l’adolescence. Deux initiateurs s’indiquent : l’aviron et la boxe[2] ; bien entendu ni concours ni assaut libre mais un enseignement à la fois prudent et très énergique. Alors, vers 13 ans, le foot-ball, le jeu éducatif par excellence d’où l’adolescent déjà débrouillé au point de vue de la mobilisation musculaire et initié à la bonne combativité, tirera la leçon suprême de la virilité collective : l’apprentissage de l’abnégation. L’époque du foot-ball sera aussi celle de la course à pied et des sports athlétiques et gymniques, il faudra ensuite le contact du cheval[3]. Pour finir,

  1. L’inconvénient serait double ; physiologiquement, on risquerait de provoquer un développement inharmonieux du corps ; moralement, on émousserait la puissance d’action des sports virils.
  2. Voir la Revue Olympique de septembre 1913 ; Les échelons d’une éducation sportive.
  3. On ne doit pas, disait Jules Simon, permettre à un