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pédagogie sportive

la collaboration de ses muscles et de sa volonté, il n’arrivera à les atteindre qu’en s’y efforçant laborieusement, opiniâtrement. Pour y réussir, il faudra non seulement de l’énergie et de la persévérance mais du sang-froid, du coup d’œil, de l’observation, de la réflexion… et il en faudra aussi pour se maintenir car, en sport, ce qui a été acquis est vite reperdu si l’on n’y veille. Ainsi le sport dépose dans l’homme des germes de qualités intellectuelles et morales.

Des germes seulement — et dont le développement peut demeurer localisé autour de l’exercice pour lequel ils sont utilisables mais peut aussi franchir cette étroite limite et, débordant sur l’individualité entière, en provoquer la fécondation et la transformation. Les deux cas s’observent fréquemment. Combien de cyclistes hardis et prompts à se décider qui, descendus de leurs machines, se montrent timides et hésitants à tous les carrefours de la vie. Combien de cavaliers pleins d’allant sur l’obstacle et sans vigueur le reste du temps, d’escrimeurs superbes de sang-froid sur la planche et perdant la tête à la moindre des adversités quotidiennes. Mais le cas inverse se rencontre de même et la guerre de 1914-18 a fourni de nombreux exemples de la pénétration de la personnalité par les qualités sportives et de leur extension au domaine purement moral.

Quelles sont les conditions propres à provoquer ou à aider cette extension ? Ce sont : 1o  le mélange intime de l’activité sportive et des autres formes de l’activité humaine ; donc les manifestations de cette activité sportive au lieu de demeurer isolées doivent — non seulement dans l’éducation mais dans la vie publique — s’unir à celles de la pensée ; l’exercice sportif, loin d’être considéré comme un simple contre-