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pédagogie sportive

qui tient un sabre va-t-il le lâcher pour donner des coups de pied sous prétexte que ses « chassés-bas » sont de premier ordre ? Il commence par utiliser le fer et ne se mettra à « ruer » que s’il se trouve ensuite désarmé.[1] »

La boxe anglaise, devenue la boxe tout court, a évolué grandement depuis quarante ans. Autrefois le boxeur prenait son point d’appui sur le sol, cherchant en quelque sorte à s’y enraciner ; l’agilité ne commençait qu’à la ceinture : attaques, parades, ripostes se succédaient en « phrase d’armes ». Par la suite, le volume du poing revêtu d’un gant mieux fabriqué et très diminué, se rapprocha davantage de la nature et ainsi la parade tendit à se voir plus souvent remplacée par l’esquive[2] avec coup d’arrêt. Survint alors la méthode américaine actuellement en vigueur. Désormais le boxeur est en continuel déplacement, tournant autour de son adversaire, semblant danser devant lui pour le dérouter, puis fonçant le bras raccourci, de façon que toute la force de l’épaule vienne accroître la puissance du coup porté. En lui tout est vitesse : travail des jambes, détente des bras, pivotage du torse. Les coups se succèdent en pilage ; impossible de les détailler, même de les esquiver tous ; il faut s’accoutumer à les « encaisser » sans broncher. ▬ En évoluant de la sorte, la boxe n’a pas perdu les qualités qui la distinguaient ; elle reste un

  1. La leçon et l’assaut en boxe et en escrime (Revue Olympique, mars 1914).
  2. Le poing nu est mal conformé pour parer ; le geste est aussi peu naturel qu’est naturel celui de parer avec une arme. C’est une simple question de mécanique : prolongé par l’arme, le levier à la longueur voulue pour opérer une poussée latérale efficace ; le bras seul ne l’a pas.