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lettres olympiques.

qui, pour la dernière fois, pénétra dans un stade semblable, animée pourtant par des sentiments analogues, par une même sympathie pour la jeunesse, par un même souci de la grandeur nationale.

Il y a place pour 50 000 spectateurs environ. Mais une partie des gradins est en bois, le temps ayant manqué pour tailler assez de blocs de marbre et les mettre en place. Après les jeux, la construction s’achèvera, grâce aux inépuisables largesses de M. Averoff ; des quadriges de bronze, des trophées, des colonnes viendront interrompre la monotonie un peu sévère des lignes. La piste centrale n’est plus poussiéreuse, comme jadis ; c’est une piste cendrée établie selon les dernières données de l’art moderne par un homme du métier venu d’Angleterre. Tout porte à croire qu’elle sera désormais jalousement entretenue par les Hellènes. Car — c’est un fait intéressant, — dans ce pays, où les exercices du corps ne comptaient plus d’adeptes, où quelques Sociétés d’escrime et de gymnastique de formation récente avaient tant de peine à recruter des adhérents, il a suffi de parler des Jeux Olympiques pour créer des athlètes. Les jeunes gens ont, subitement, pris conscience de la vigueur et de la souplesse emmagasinées dans la race ; leur ardeur a été si généreuse, leur entraînement si persévérant que les concurrents étrangers trouveront en eux des rivaux improvisés aussi redoutables que des vétérans.

Déjà les Hongrois sont arrivés ; on leur a fait une réception enthousiaste : des harangues ont été échangées ; la musique a joué. Ces jours-ci, les Alle-