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souvenirs d’amérique et de grèce.

queurs. Tenant chacun un rameau d’olivier, ils forment une théorie très sérieuse, qui évolue lentement entre les gros arbres. Il n’y a comme spectateurs que deux d’entre eux, jugés trop maladroits sans doute, et qui n’ont rien gagné. Au bout de dix minutes, ils en ont assez de leur cortège et de leur gravité. Ils recommencent à se faire des niches et à se rouler sur le sol en criant. Yorgi, demeuré songeur, les abandonne et s’en vient à l’écart, vers le rivage où la mer continue son doux concert. Les petites vagues qui meurent à ses pieds bercent sa rêverie, et il s’étonne qu’un jeu si amusant, qui tout à l’heure l’enchantait si fort, l’ait soudain rendu triste et l’écarte de ses camarades.

À cette heure même, dans le grand stade de marbre blanc où les Jeux furent célébrés et qui, solitaire maintenant, étale avec noblesse les courbes de ses gradins innombrables, la poussière olympique qu’ont soulevée les athlètes retombe en pluie d’or, très lentement. Athènes a dépouillé sa parure joyeuse. Les drapeaux multicolores n’ornent plus les façades, et dans les carrefours les guirlandes flétries s’effeuillent sur le sol ; mais dans la mémoire des Athéniens ces jours de fête laisseront une trace heureuse, et le soleil qui disparaît derrière les colonnes du temple de Jupiter a des splendeurs empourprées que cette génération ne connaissait point C’est que la ville de Minerve s’est montrée aux étrangers resplendissante de clarté et que sa blanche renaissance s’est imposée à tous, indiscutable Qui donc la croyait morte ?

Quand Yorgi sera grand, il voudra concourir aux Jeux Olympiques. Il voudra remporter pour de bon un