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sur la côte de californie.

selon la loi de l’Église. Tous ceux qui sont soumis vivent auprès de nous et deux fois par jour viennent aux offices. Ils vivent sur les moissons qu’ils obtiennent en cultivant le blé, le maïs et les haricots. Les pêchers et autres arbres de Castille qu’ils ont plantés donnent déjà des fruits. Ils portent des vêtements que nos Pères nous envoient du Mexique et qui sont donnés par le trésor public ou par de généreux bienfaiteurs. »

En 1787, il n’y avait que neuf missions ; à la fin du siècle, il y en avait dix-huit avec 40 religieux et 135 000 néophytes ; le bétail comprenait à peu près 70 000 têtes, et la récolte variait annuellement de 30 à 75 000 boisseaux de grains[1]. La mission de San Francisco avait, en 1783, 215 Indiens, 308 têtes de bétail, 31 chevaux, 183 moutons ; — en 1813, 1 205 Indiens, 9 270 têtes de bétail, 622 chevaux, 10 120 moutons ; — en 1832, 204 Indiens seulement, 50 000 têtes de bétail, 1 000 chevaux et 35 000 moutons. Cette statistique peut s’appliquer, avec quelques variantes, à la plupart des autres missions. On le voit, les ambitions du Père Serra ne s’étaient pas réalisées : il avait rêvé de laisser derrière lui des milliers de catholiques : il ne laissait guère que des troupeaux de bœufs, de chevaux et de moutons. Ce n’est pas que les Indiens aient déserté en masse, mais ils furent décimés par une maladie inexpliquée ; la mortalité doubla parmi eux, en même temps que diminuait le nombre des naissances. Le phénomène s’est produit ailleurs : il semble que la race rouge ne puisse vivre

  1. Royce, American Commonwealths : California.