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sur la côte de californie.

mosphère cristalline, les soirs embrasés, l’alternance heureuse des plaines, des bois et des monts, la grande houle de l’océan sur les grèves dorées et cette effervescence joyeuse de la nature qui, chaque printemps, revêt le pays d’un manteau de fleurs aux nuances triomphales. Éparpillés sur ce vaste territoire, se grisant d’air irrespiré, adorant le sport et la musique, ils se donnaient les uns aux autres une hospitalité charmante. Le galop et la sérénade rythmaient leur vie.

Point d’industries, bien entendu ; pas même le désir d’en établir. Les objets manufacturés leur arrivaient à de longs intervalles : ils les payaient fort cher et n’en prenaient nul souci. À partir de 1822, il y eut un commerce régulier avec Boston, par la voie de Panama. Puis, vers 1826, les premiers trappeurs apparurent, venant des montagnes Rocheuses, de ces profondeurs inconnues et terribles vers lesquelles on ne tournait que des regards craintifs, comme les enfants qui ont peur des recoins obscurs. Bancroft estime qu’en 1830 il y avait quatre mille blancs en Californie, et qu’en 1846, à la veille de la conquête, ils étaient environ dix mille.

Les troubles commencèrent en 1829. Le ranchero Solis, ancien convict, groupa quelques soldats dont la solde était en retard ; il y eut un petit combat près de Santa Barbara, une de ces batailles honnêtement inoffensives où l’on brûle beaucoup de poudre et à la suite desquelles on publie un grand nombre d’ordres du jour. En 1836, une sérieuse tentative d’émancipation força le Mexique à reconnaître pour gouver-