Page:Pierre de Coubertin - Souvenirs d Amerique et de Grece, 1897.djvu/69

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
62
souvenirs d’amérique et de grèce.

Le campus de Princeton est l’un des plus beaux et des plus pittoresques que l’on puisse voir. Il est coupé par de grandes avenues aux ombrages séculaires. On y lit d’un coup d’œil toute l’histoire de l’université racontée par ses monuments, depuis Nassau hall, qui fut l’humble berceau de ses destinées, jusqu’à Alexander hall, à peine achevé, et dont les voûtes immenses et somptueuses vont voir passer le cortège de son centenaire. Quand elle fut créée en 1746, la fameuse cloche de Philadelphie n’avait pas encore sonné l’heure de la liberté. Ce fut un gouverneur anglais qui signa la charte de fondation et imposa ce nom de Nassau, symbole de servitude, qu’on a conservé par respect historique. Le long des murs en pierres brutes de Nassau hall, les premières promotions plantaient, chacune, un pied de lierre et scellaient une plaque de marbre commémorative de leur passage. Les lierres entrelacés couvrent aujourd’hui les quatre façades, image de la prospérité engendrée par l’effort successif de chaque génération.

Non loin de là s’élèvent deux petits temples de forme grecque, précédés de gradins et de péristyles. Ils servent de lieu de réunion à deux « parlottes », dont l’une, l’American Whig society, a formé plus d’un orateur politique et compte dans ses rangs beaucoup de citoyens éminents. Au temps déjà lointain où furent construits ces petits temples, les universités n’étaient pas riches. On employa le bois des forêts avoisinantes. Tout dernièrement ils ont été réédifiés, en marbre cette fois, et l’American Whig society pos-